Les Voies Sauvages – Partie 1: Le Chant des Louves

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et À lire juste là:

On raconte qu’un jour d’automne, une femme trouva un chiot au fond d’une forêt et l’emporta chez elle. Elle le nourrit un jour et l’hébergea une nuit. 
On raconte qu’un soir d’automne, une louve chercha son louveteau au fond d’une forêt; et partout autour d’elle. Elle pleura un jour et hurla une nuit. 

La femme continua à nourrir tendrement l’animal, puis elle grillagea le tour du jardin — tout de même assez vaste; pour qu’il en fasse son territoire mais ne puisse pas s’échapper. Il appris « assis » et « couché », il reçu des récompenses et parfois des punitions. Il fût brave, obéissant, et dormi dehors dès ses jeunes mois. Alors il commença à hurler la nuit. Petit à petit, les hurlements gagnèrent la vallée entière. 

On raconte qu’un soir d’hiver, une louve s’aventura près de la maisonnette, creusa sous le grillage l’espace pour passer et vint à la niche du chien-loup. Alors les deux se firent face. Elle comprit qu’il parlait le langage humain, il comprit qu’elle parlait le langage des forêts, des ruisseaux et des crocs. Elle vit qu’il dormait au souple et avait le poil tendre et fin; elle qui l’avait dru et sale. Elle senti qu’il mangeait tendre et fin; elle qui chassait dur et tard. 
La bataille entre chien et loup dura longtemps. Tous les jours la femme revint et tous les soirs la louve revint. 
On raconte qu’un soir de printemps, alors que finalement toute la meute entra dans le jardin, le jeune du choisir entre s’enfuir comme un loup, ou rester comme un chien, et il…

« Il fera ce que tu voudras »

Dit le chien-loup en toi.

Dans ces temps où tout semble se grillager autour de nous et où le sauvage nous manque, nous avons décidé de faire parler notre loup… 
Et d’offrir aux vôtres De Quoi Mordre.

CHAPITRE I – RESSENTIS DE DERRIÈRE LE GRILLAGE


Les repères s’effacent. Le temps gomme le nom des jours, la numérotation des heures ne veut plus rien dire. Cela aurait sûrement du être le cas depuis longtemps; nous sommes désormais livrés à nos seuls rythmes biologiques et nécessaires. Il n’y a plus que l’instant véritable, long, dilué. Plus aucune segmentation, hormis les repas et le sommeil. Tout le reste est confondu. 
Nous avons comme l’immensité pour tout repenser. Tout redécouvrir.

A vrai dire on ne sait pas quand ni comment on en sortira. A quoi ressemblera le monde, le quartier d’à côté et les visages qu’on aime. Pour sûr, tout sera modifié. Stop aux pansements et anti-douleurs, traitons le mal à la racine. Le cataclysme qui arrive n’est plus à enfermer dans un placard des probables mais à regarder en face. Devant. 
N’en voulez pas aux lanceurs d’alertes, prenez soin du Vivant.

Comment ont-ils crus qu’on ne virerai pas loups ?
 En remplissant la gamelle. On a bien vu les chiens, depuis la lisière nous les avons observés. Ils mangent dans la gamelle; heure fixe. Pas plus qu’il faut, quand il faut. Assis pour assis. Couché pour couché. Une caresse-récompense; ou un coup de bâton-punition. On les a vus parfois perdus, délaissés sur les bords de route; incapables par trop d’aliénation. Tu te souviens des chiens ?
 On les a guettés du bord des bois puis avons préféré retourner à la forêt. Qui a cru qu’on ne préférai pas le sauvage au servage; le mouvement de nos meutes à la niche; l’os à la pourchasse ?

 

On se demande quelles peuvent-être les informations qu’ils ne nous disent pas, qu’on découvrira dans trente ans. On invente des fictions où les magasins seront bientôt vides; a moins que cela ne soit qu’une histoire de temps avant que cela ne devienne — réel.
Il s’agit toujours de cela, du laps de temps qu’il faut avant que les choses ne deviennent — réelles.
Nous écrivons l’histoire; nos convictions, pour qu’elles aussi deviennent — réelles.

On sent que les jours calmes couvent la tempête. On attend. On se prépare. Petit à petit le mercure monte. Se dire que les responsables seront jugés, se promettre de le faire. 
Nous n’oublierons pas. 
Il n’y aura pas de sortie de crise, car revenir à la norme, c’est revenir aux causes de la crise. Il n’y a que la perspective d’un soulèvement — total, et radical. D’un bouleversement complet de nos structures sociales et économiques; donc de nos modes de vie. Combien de choses d’aujourd’hui seront demain obsolètes ? Combien en inventerons nous de nouvelles, tellement plus fines et accordées ?
N’est-ce pas joyeux, cette perspective de tout redéfinir ?

On a pris la Lune pour complice et les astres en conseil; le large comme demeure pour retourner sur nos anciennes traces. Nous avons trop assisté à nos soumissions, trop intériorisé nos conditionnements — mais tout le Vivant nous à crié, d’une seule voix: réveil toi ! 
Nous sommes partis et avons marché sous des éclats d’étoile; le ciel est toujours en fête pour qui l’observe.

 

On appelle les proches. Pensées inquiètes vers nos anciens. Eux qu’on aime et qui nous disent, depuis toujours, que tout ira bien; que ça va bien se passer. Se dire qu’on ne peut rien faire. Attendre. Appeler. Prendre soin. Attendre encore. Rappeler. Garder la tête froide.

La liberté se vit à visage masqué. Nous devons passer sous les radars, et nous disons souvent que nous ne sommes pas encore assez prudents. Les réseaux veillent, trient et collectent; Big-data. Mais nous aurons toujours quelque-chose à dissimuler, un trésor dans le sac, un secret d’enfant; seulement la machine nous épie et ne dort pas. Si aujourd’hui il n’y a pas de risque, demain peut-être.
C’est ainsi, il nous faut atténuer nos traits pour continuer à le dire.

On voit les fleurs s’ouvrir. Tout s’annule sauf le printemps. Le chant des oiseaux couvre enfin celui des machines. On pourrait croire que tout s’est finalement arrêté; que la joie à maintenant une place ouverte pour refleurir. On — pourrait — croire.
Nous craignons l’effet rebond, la remise en route, la marche forcée alors que le moteur brûle; et que nous fonçons vers une mare d’essence. Ce ne sera pas possible.
Nous devons jeter les clefs. Bifurquer. Serrer le virage — du bon côté.

Dehors des ouvrier.e.s triment et meurent car plus personne ne sait faire, car nous ne savons plus nous tenir en vie. Incapables d’avoir tout délégué. Il faut comprendre que nous avons négligé bien trop de choses, trop d’aspects du Vivant. Nous avons domestiqué le sauvage, abimé la maison mais repeint ses murs et accroché quelques tableaux. Nous dépendons maintenant d’une créature gigantesque, d’une machine tuyautée immensément large qui nous biberonne et par-là nous tiens serviles, et serviables. Qui osera jeter le biberon ? En vérité, son lait est maintenant plein de pus. 
Et puis les courses coutent cher et l’argent ne rentre plus. Le spectacle de la marchandise est immonde. Demain nous nous procurerons des graines pour faire un jardin. Les grandes joies paysannes se trouvent même dans les petits jardins, n’en doutons pas ! Plantons, semons fleurs et légumes. Tout est question de joie et elle se cultive aussi. Simplement. Il nous faut revenir, pour accroitre.

Nous étions chiens, nous redevenons loups. On a creusé un trou dans le grillage du jardin et renié les maitres pour goûter l’autonomie. Nous délaissons chaines et colliers. Depuis, des poils épais ont poussé à travers la peau fine et tendre de l’insouciance. Ils ont recouvert l’âge perdu, formé une fourrure pour embrasser les temps froids. Les quenottes d’antan, d’enfant, se sont affûtées, devenues canines et crocs. Les pâtes élargies pour les chemins escarpés, rocailleux, méconnus. On re-dessine les cartes. On cartographie les signes du soulèvement — le changement de paradigme.

 

L’horizon s’encaserne. La police rôde et ressert le ciel. Ils se servent de drones, d’hélicoptères. Ils se croient tout permis. Se sentir hors-la-loi quand on sort dans le dehors, sans le papier. Ne pas comprendre la gestion policière d’une crise sanitaire; faire face à la brutalité absurde, ou trop logique. Se dire qu’un état chavire vite et que nous avons déjà l’eau aux genoux. Que les dérives d’hier deviennent vite la norme de demain. Que tout pourra être justifié au nom d’une situation d’exception, puis pérennisé. Nos révoltes ont encore été trop policés, quand le gouvernement devient de plus en plus policier. Ils usent de la stratégie du choc. Nous la retournerons.

Comprendre que la situation est décisive. Garder le meilleur: les voitures à l’arrêt, la fin du boulot, la solidarité, le temps libre, les joies simples et le grand air — supprimer tout ce qui empêchera cela. Nous voulons tout.
Se répéter le mantra: il n’y aura pas de retour à la norme. 
La norme est anormale. 

On se dit que tout ça c’est p’tet le début de quelque-chose de bien plus gros; juste la mèche, l’amorce. Le système a saturé. Qu’arrivera-il ensuite ?

 

CHAPITRE II / RUPTURE, TANGENTES ET PERSPECTIVES

L’ancien monde_

Après l’ivresse de ce dernière siècle, la fête semble retomber. Les corps chancellent et chutent, étouffent quelques derniers râles avant de s’endormir dans les détritus, les flaques d’alcool et le vomi. Ce n’est plus si sexy. Après l’aube, au lendemain, alors que la lumière et le réel reviennent, la frénésie d’hier ne semble plus avoir aucun charme. Ne reste que quelques souvenirs obscènes, un peu de ridicule et peut-être l’envie d’une sobriété nouvelle. Plus de médoc dans la pharmacie, mais nous apportons des verres d’eau et quelques photos de la vielle. Pour qui ne sont pas encore sobres, enfoncez vous donc deux doigts dans la glotte, ça ira mieux après.

L’économie, tel qu’elle est, tue; et ce ne sont pas les innombrables morts qu’elle a laissé derrière elle, depuis des siècles, dans la précarité et la poussière, qui jusque là ont suscité le moindre ajustement de la mécanique.

 Nos carcasses sont ficelées au capitalisme, et si aujourd’hui nous devenons tous cadavres, alors l’industrie-monde ne devient plus qu’un grand tombeau, et les profits du compost pour les lombrics. En finalité, cette perspective ne rapporte guère. Alors cette fois-ci, pour relancer l’économie-usine, ils tenterons de sauver nos chairs, pour que le manège de la croissance continue.
 N’en doutons pas, si des structures aux pensées, tout se robotise, s’informatise et se mécanise, alors l’humain se perd. Tout n’est plus qu’une immense entreprise et la vie devient un algorithme, sa gestion devient comptable. Les mécaniques ne ressentent pas et bien des humains ont aujourd’hui la froideur des robots.
Production, exploitation, calcul, pillage, rendement, meurtres. 
L’histoire de l’économie est une longue histoire de crimes.
Ainsi, si nous sommes à ce point réifiés, rendus choses et marchandises, force de production et de consommation, peut-être devrions nous maintenant que tout est presque clos et que nous récupérons un peu de temps, nous poser la question: 
voulons nous que notre avenir soit encore celui-ci ?

C’est là qu’il faudra choisir un camp. 
Pour nous, c’est le « non » qui prévaut: nous ne tolérerons plus l’intolérable. Il est temps de ne plus être rouages, vis et boulons, d’entrer dans ce nouveau millénaire non sans fracas, mais avec toute l’exigence que demande la vie: attention, coopération et combativité. Refusons une bonne fois pour toute de revenir aux causes de tous ces maux; sans quoi nous condamnons le présent et l’avenir de l’ensemble du Vivant.
L’économie mondiale s’est grippée; torpillons-là.

*
Le vendredi 17 avril était proposé, à l’Assemblée nationale, la possibilité de mettre à disposition 20 milliards d’euros pour le sauvetage de grandes entreprises telles qu’Air France, Renault ou le parapétrolier Vallourec.



L’architecture du pouvoir est plus que jamais exposée. 
Ce virus a comme un goût d’apéritif face aux crises qui se profilent et tiennent de la même recette: une économie furieuse et débridée, enlacée à des états autoritaires et arrogants. Cette crise, par ailleurs, servira d’instrument pour ré-ajuster l’appareil de contrôle et de surveillance, alors ils feront voler les drones de la police parmi les derniers oiseaux et rendront l’Internet plus panoptique que jamais, « pour notre sécurité » dirons les hauts-parleurs. Aussi, ils sacrifieront les derniers acquis sociaux sur l’autel d’une économie à relancer, finissant d’asphyxier les horizons redevenus bleus quelques mois. Les crises ont toujours été bonnes pour l’économie et les fascismes — cela s’appelle la stratégie du choc. Si ce cap est ainsi maintenu, nous passerons en effet d’ici peu au plat de résistance, avec ce qu’il comporte de crises écologiques majeures, et son assortiment de guerres, famines, dictatures et autres virus.

Encore une fois, cette période nécessite de poser cette question: est-ce le monde que nous voulons ?

Pour ces privilégié.e.s qui diront « oui »; qui préfèreront garder pour peu de temps encore leur confort et profits, par plaisir et cupidité ou encore par peur, ignorance ou volonté de ne pas savoir; il sera de notre devoir collectif de rendre ce « oui » ringard et désuet.
Il l’est — déjà.

Nous avons la chance d’être à la préface des bouleversements qui viennent; à nous, de tous nos corps, cœurs et voix de les faire pencher du bon côté. 

C’est le monde entier qu’il faut reconditionner, pour faire de cette décroissance forcée une décroissance voulue. Il faut dès Aujourd’hui reprendre Demain à celles et ceux qui nous le confisquent.
Nous devons donc déployer l’arsenal populaire nécessaire, les états ayant prouvé leur incompétence — sinon leur collaboration au drame. Transformons dès maintenant cette pause en rupture. Passons nous le mot, organisons la sortie. L’heure est à l’effervescence de nouveaux imaginaires collectifs, et à leur mise en pratique.

L’aboiement de jadis est maintenant un cri de ralliement. Il sonnera bientôt à travers tous les vallons du globe. C’est maintenant. L’air se charge; l’époque change. Les meutes sont partout; autour. Affûtées et à l’affût. Elles s’ignorent ou se tiennent prêtes; décidées à s’agrandir, à reprendre le terrain. A redécouvrir la largeur de nos territoires, de l’étendue des plaines à nos sentiers intimes et ombragés. Nous rôderons partout. Traverserons les espaces et les feront Communs à nouveau. Alors ils organiseront des battues, torches au poing, cris dans le vent et poudre au bout du canon. Ils seront toujours là, les mêmes, mais nous serons plus vifs; furtifs. 
Traqués dans la société de trace; chassés dans la société de classe mais le loup se débrouille, brise-barrière et tranche montagne.

 

Vers les voies sauvages_

Sauvage; du latin silvaticus « de forêt, forestier »,

Se dit d’animaux qui vivent en liberté; dans les bois. 

*

Nous suivons les traces pour revenir à la forêt; 

et aller vers les temps nouveaux. 
 


Nous en sommes maintenant sûr.e.s: le nécessaire d’hier ne sera pas celui de demain.

La richesse ostentatoire est maintenant comme une obésité morbide. La richesse sera désormais tout ce que nous aurons réussi à ne pas amputer au Vivant. Notre croissance sera bien plus subtile et délicate. N’oublions pas qu’il existait un monde avant le capitalisme et qu’il y en aura sûrement un après. A savoir si nos pieds le fouleront.

Voici ce que chantent les oiseaux, ce printemps:

« Toutes les logiques capitalistes et productivistes sont archaïques ! Le PIB est un fossile. La vraie croissance est celle des arbres et des enfants, des liens et de la joie ! Venez, suivez les Vivants, ripostez; et jouons dans les flaques ! » lâche un merle-acrobate en voltigeant au dessus de nos têtes.

« La croissance est un mythe laissé à quelques sectes et chantres du progrès; groupuscules pervers et radicaux priant de vieilles statues d’or. » 
Ré-enchérit une canaille de pigeon, puis nous averti une dernière fois avant de s’engouffrer entre deux arbres.

« Le néo-colonialisme s’est étendu à toutes les sphères et tous les espaces, du dernier hectare de terre sauvage jusqu’à vos plus profonds replis humains; ces strates où poussent vos vices et vertus. Elles ont elles aussi, été pillées et polluées. »

Les aviateurs parlent vrai. Écoutons les oiseaux. Caressons le printemps.
Il est temps de stopper l’extraction; notre capacité d’encaissement est elle aussi une ressource limitée. Sonnons la fin des humains-Dieux, accompagnés de leurs sordides machines domestiques, artificielles et militaires, et que viennent les nouveaux hybrides ! Humanimals, humains et humaines croisé.e.s à toutes les forces Vivantes. Nous serons nouveaux et anciennes à la fois. Connecté.e.s à des temps plus lointains, à des profondeurs plus fécondes et à un avenir partageable. La joie est là ! Formons nos meutes et marchons vers les ruines, ces abysses modernes pour les ré-ensauvager, accompagné.e.s par des torrents d’insectes; des pluies ivres d’oiseaux-d’orage et quelques autres animaux sauvages devenus camarades en route. Les sangliers nous reconnaissent comment alliés; les rapaces nous indiquent la route du haut de leur toit d’azur. Nous avançons, entre les brèches et jungle étroite. Devant nous, tel les nuages de criquets, la seule perspective est celle du ravage.

*
Ravage, du latin rapere: « entraîner avec soi, enlever de force ».
Entrainer avec soi toutes celleux qui brulent d’avoir autre-chose, autrement, autre monde. 
Enlever de force le pouvoir à qui ne devraient pas l’avoir.
Actons la destitution pour que nous puissions reconstruire.


 

Nous vivons dans et avec le Vivant; et venons lui rendre sa place. Habituons nous à reculer. A céder nos sièges et les passages. Nous avons trop occupé l’espace. Saturé. Trop produit et encombré; pas assez vécu — il est temps d’habiter réellement !
Nous n’avons pas l’esprit de conquête, mais celui de partage, or, tout ayant été privatisé, il nous faut bien arracher quelques victoires pour que terres et mers redeviennent un peu plus — Communes.
Qui ne tient pas compte de la Vie commet un crime.

 

Les pavés_

Les poèmes ne suffiront pas — seuls — à réparer le monde; 
Alors pavés et pavés !
Nous faisons face à un ennemi plus radical que jamais.

*
Le 1er mars 2020, l’état lançait un appel d’offre pour l’acquisition massive de gaz lacrymogènes d’un montant de 3.6 millions d’euros.
Une nouvelle commande, du 12 avril 2020, concerne l’acquisition de 651 drones et s’élève à 3,5 millions d’euros.

Une telle manœuvre autoritaire montre bien l’ambition de l’état quand à la destruction de toute forme d’altérité. Leur niveau d’engagement est ici affirmé; plus aucune règle ni limite ne semble valoir. Ainsi soit-il. Ces politiques incendiaires ne font que nous donner du combustible.

Nous lorgnons sur les rues et flairons l’orage. Plus que jamais, nous savons comme il sera décisif et nécessaire d’entrer en Résistance face aux mortifères. Celle-ci devra être aussi vaste qu’elle le pourra, se développant à tous les étages et niveaux d’implications, mais devra être lucide. Nous écrivons pour demain; mais nous aurons beau imaginer toute la largeur du ciel, il y aura toujours un palier de réalité pour nous faire redescendre. L’ancien monde nous course, le nouveau peine à venir. Il va falloir nous battre, de toutes les manières. Nous comprenons que nous n’accomplirons rien sans l’affrontement, et qu’il faudra, lui aussi, le redéfinir. Il est l’heure de couper avec les illusions bon-enfant et l’indifférence pour entrer dans une franche révolte, une honnêteté-lucide et un bouleversement radical. Nous ne tolèrerons plus jamais l’intolérable. Les victoires seront celles des esprits inventifs; à qui prendra les devants; aux forces qui s’articuleront. 

Que pouvons nous faire ?

Il nous faudra déplacer les meutes; désaxer les batailles. Retrouver le mouvement souple, la pâte légère qui ne laisse pas de trace; aucune prise au chasseur. Apprécier l’odeur du grand air. Faire de la disparition une puissance pour mieux ressurgir. Ne plus tolérer aucune muselière. Connecter nos terriers pour toujours savoir qu’il existe des endroits où lécher nos plaies, sans inquiétude. Puis repartir pour rebattre les cartes, brouiller les pistes et toujours gagner du terrain — libérer des zones.

*

Occident du latin occidere: « tomber »
Nous sommes au lieu de la chute,
Cette civilisation; ses idoles, concepts
Doivent chuter, comme l’arbre
Pour que Forêt refleurisse. 


Retrouvailles_

Isolé.e.s, nous formons des tribus malgré tout connectées. Du bout de nos doigts agiles, nous filons la grande toile numérique — parfois avec encore trop d’insouciance, alors que nous présentons que nous pourrions y rester englué.e.s. Nos données que justement, nous donnons, pourrons bien un jour se retourner contre nous. Le jour où l’araignée le décidera, nous serons moucherons. 
On se promet de se rejoindre; quand nous le pourrons. En attendant, on s’envoie de quoi profiler la suite. Nous ferons une grande fête, quand nous pourrons toustes ressortir. Sur un bûcher énorme nous incendierons les illusions d’avant. Nous danserons. Nous célébrerons les temps nouveaux, dessinés dans le confinement — ou inventés depuis longtemps. Nous redonnerons sens à la fête, au festival, à la rencontre, au face à face qui nous aura tant manqué.

Quand nous nous déplacerons à nouveau, nous ne manqueront pas d’aller saluer et prêter main forte à toutes celles et ceux à qui nous n’avons pas encore rendu visite. Nous pensons notamment aux ZAD et divers lieux d’action et de résistance. L’insoumission est un mouvement. Nous devons le nourrir, fortifier le réseau, accroitre nos savoirs, expérimenter les systèmes; et tout multiplier.
Nous sèmeront nos graines, partout, dans le vent et la tempête.

Pour qui veut se déplacer et se rallier aux courses des nomades, savez-vous que certains vélos sont increvables ? Rions des voitures insolentes, elles seront bientôt d’un autre temps…

Nous laisserons entre les murs où nous nous sommes arrêtés le temps d’un confinement, les dernières choses qui nous raccrochaient à l’ancien monde. Nous les abandonnerons car plus rien ne tient. Tout récemment, le 10 avril 2020, une étude scientifique parue dans la revue Nature estime que nous pourrions vivre un effondrement brutal des écosystèmes dès 2030. Il nous resterai donc à peine dix ans pour changer la donne.
Nous n’avons plus le temps de ne pas être lucides et efficaces. Il faudra mettre de côté certaines perspectives pour en dessiner d’autres, peut-être moins confortables; mais infiniment plus heureuses car nécessaires et justes. Indispensables et insurgées.

 

On laissera partout, autour d’un arbre ou sur des feuilles, nos coups de griffes pour indiquer le chemin aux autres. Des signaux à qui regarde, hume et sent. 
Rejoignez la meute ou formez en d’autres. Hybridons nos courses, croisons nos forces.

*
Le covid-19 n’est qu’un symptôme,
La maladie c’est le capitalisme;
L’insurrection
L’anti-dote.

Dès que nous le pourrons, nous sortirons en suivant les loups.
Nous reprendrons les voies sauvages.
Nous ne nous rendrons pas.
Rien n’est préférable à la Vie.

L’été sera chaud.

Conclusion_

Nous aurons compris l’essentiel. 
A quoi tient l’existence. Le reste tombe au sol; le décor en morceaux. Les marchands nous vendrons les fragments mais nous n’aurons plus un sou, alors nous les rembarrons. Bientôt serons obsolètes, ringardes, toutes les sordides pratiques d’hier. Nous aurons appris à nous débrouiller; tissé des liens plus solides et nombreux; finalement compris que l’état s’était nous — et que nous pourrons donc désormais nous passer de lui.

Nous vivons une extinction de masse du Vivant, comment cette idée ne peut-elle pas entrainer un bouleversement radical de notre société et de ses individus ?

Nous nous sommes rasés la nuque ou les tempes.
Tout fait signe de rupture.
Nous sommes la joie du monde libre, du loup qui est passé sous le grillage. 
Nous avançons, pour que rien ne redeviennent comme avant.
Nous venons renouveler le pacte avec le Vivant. 
Nous appelons à former les tribus, hordes et meutes — de l’écologie sociale et radicale, féministe et décoloniale. 
Nous sommes les louves et loups qui courent dans l’ombre.
Nous mordrons, tant qu’il y aura De Quoi Mordre.

 

Aliothéose et Chatterton

Plus loin:

Collectif « Pas de retour à la normale »
=> https://www.facebook.com/pasderetouralanormale/



La BD « Relance » d’Alessandro Pignocchi
=> https://lundi.am/La-relance-3

« Ne laissons pas s’installer un monde sans contact » / Appel au boycott de l’application StopCovid:
=> https://www.terrestres.org/2020/04/27/ne-laissons-pas-sinstaller-le-monde-sans-contact/?fbclid=IwAR1zgdZxPJD-kZjAiCh_MYZg995ldah7OwKsD-V6ptkJUgw-X-JTPAANeMc

« Nos arguments pour rejeter StopCovid » / La Quadrature du Net:
=> https://www.laquadrature.net/2020/04/14/nos-arguments-pour-rejeter-stopcovid/

Musiques du podcast: album « Shanghai Knights in new New York », de Dog Head
=> https://thedoghead.bandcamp.com/album/shanghai-knights-in-new-new-york

Documentaire « La stratégie du Choc » de Naomie Klein.

Être une Bombe dans un monde atomique

A écouter ici:

Et chez SamouraïTV:

Et à lire juste là:

Retour sur la semaine féministe et anti-nucléaire à la ZAD de Bure, du 24 février au 1er mars 2020.

« À Bure, l’état veut enfouir les déchets les plus dangereux du système nucléaire français pour les cacher loin de nos yeux. Dans l’est de la France ou ailleurs, nous refusons cette politique de l’oubli. Nous ne voulons pas qu’il sacrifie des territoires entiers, polluant des sous-sols pour des centaines de milliers d’années. Nous refusons la banalisation de la vie contaminée. Nous n’acceptons pas que la menace de sa pollution perpétuelle soit occultée. Nous ne voulons pas du nucléaire.
Nous appelons à converger la semaine du 24 février au 1er mars 2020 en mixité choisie sans hommes cis-genre* pour affirmer de tous nos corps avec celles et ceux qui luttent à Bure et ailleurs, notre opposition au nucléaire et son monde. »

*Être cisgenre signifie que notre genre correspond à celui qu’on nous a assigné à la naissance. Cette précision marque le fait que les femmes et hommes trans’ ont toute leur place dans cet évènement.

Communiqué d’invitation et de nombreuses autres informations à retrouver sur le site : bombesatomiques.noblogs.org

Depuis quelques temps, je m’intéresse de plus en plus à certains sujets, la base commune de tous se retrouvant principalement dans la lutte contre les dominations : sur les corps, la terre ou les esprits. Quand je pense au nucléaire, j’ai comme une boule dans la gorge nourrie par la vue des catastrophes passées et consciente des aberrations qu’il engendre. Quand je pense au féminisme, j’ai comme un feu dans le ventre, en colère de me rendre compte de sa nécessité et remplie de joie à l’idée de ce que ça peut nous apporter individuellement et collectivement. Étant donc concernée par la lutte anti-nucléaire et par le féminisme, j’ai répondu favorablement à cette invitation des bombes atomiques. J’ai passé peut être plusieurs heures à errer sur leur site avant l’évènement, persuadée que j’allais participer à quelque chose de grand et que quoi qu’il arrive j’en reviendrais changée, je ne me suis pas trompée…

Un rassemblement en mixité choisie, anti-nucléaire, ce n’est pas seulement reprendre pouvoir sur ce qui nous échappe et ceux-là qui nous gouvernent, c’est aussi s’empuissanter en se réappropriant un langage inclusif, des contres-postures, de la poésie de l’instant et des connaissances fluides, non retransmises éternellement par les mêmes.

Cette semaine-là, nous avons fait l’expérience de l’horizontalité, la vraie, celle qu’on se murmure souvent vouloir, mais qui toujours nous nargue et se faufile en dehors, de peu. Nous ne nous sommes pas coupé·e·s la parole mais écouté·e·s avec la bienveillance que réclame quelqu’un·e qu’on coupe d’ordinaire. Il y a eu parfois quelques maladresses quand les mots employés n’étaient pas les bons, mal accordés ou mal genrés, en devenant excluants, mais bien vite nous retrouvions ouvertement la possibilité d’un dialogue, sans jamais fermer cette porte qui peut soigner, réparer et apprendre.

On a agit avec finesse et un peu de folie, car il nous en fallait bien et qu’il en faudra toujours plus pour détruire les projets absurdement tarés. On a écouté et compris l’importance de notre présence et sa valeur. Cet évènement a créé des interstices dans nos cerveaux, parfois malades d’avoir trop subi. Une force nouvelle nous a fait nous soulever, respirer conjointement, rire, danser et parfois même pleurer. Pleurer des larmes chargées de sens, qu’il s’agisse de sanglots étouffés ou de grosses larmes de colère, nous étouffant les poumons à coups de poing. Si certain·e·s ne se sentaient pas en puissance, maintenant que cela est sorti, ielles le seront. J’ai compris la signification du mot sororité, son importance et sa fraîcheur. J’ai gouté au plaisir de n’être pas objectifiée, ni observée comme potentiellement séductible, me forçant ainsi à me regarder faire, l’autre me renvoyant constamment à ma manière d’occuper l’espace, de parler et d’agir. J’ai librement erré dans une confiance entière et un appétit grandissant de servir une cause commune.

La grande grange froide qui nous recevait, entre autres pour manger, se retrouvait emplie d’odeurs fameuses, de ces repas délicieux faits à plusieurs mains dans les conversations passionnantes et le partage d’expérience. On s’est senti·e·s moins seul·e·s, on s’est lié·e·s, on s’est rêvé·e·s ne jamais partir et continuer cette respiration conjointe. On s’est aussi fait·e·s électrons libres pour se mélanger à celleux que l’on ne connaissait pas. Nous sommes reparti·e·s plus nombreux·ses qu’en arrivant, avec une meute dans la tête, continuant à l’entretenir parfois dans la vraie vie. Que vous étiez belles et beaux toustes à votre manière gracieuse d’être au monde et d’emmerder celleux qui s’en seraient retrouvé·e·s gêné·e·s, amèr·e·s ou jaloux·ses.

Il est vrai malgré tout que les personnes présentes étaient relativement homogènes : majoritairement blanches, du même âge, appartenant aux mêmes classes sociales et de la même identité de genre. Pour que la lutte se fasse d’autant plus juste et forte, il faut qu’il y ait des points de rencontre, le féminisme se doit d’être intersectionnel et inclusif. Les ponts nous permettant de nous rejoindre doivent être constamment redessinés et affinés afin qu’il soit aisé et évident de nous retrouver toustes ensemble, fort·e·s d’être lié·e·s. Il est donc de notre responsabilité collective, de rendre les espaces militants les plus ouverts et déconstruits possible, y compris ceux qui le sont déjà relativement, comme à la Maison de la Résistance, à Bure.

Vers la fin de semaine, après avoir passé les instants nécessaires à notre rencontre et à vivre ensembles, nous avons conjointement réalisé qu’il était temps de réfléchir si nous voulions faire une action, alors tout s’est accélérée. Nous nous sommes divisées par petits groupe de travail pour questionner différents thèmes, dont un: l’évènement prévu en fin de semaine. Ces espaces aménagés en nombre restreints ont permit d’aborder de manière plus complexe tous ces sujets, bien qu’ils aient parfois pu amener quelques frustrations, car nous étions gourmand·e·s de participer à tous. C’est nourri·e·s des divers discussions passées qu’a surgi l’idée de l’action et que nous avons décidé de la baser sur la création d’un nouvel imaginaire commun, pour pouvoir fêter la vie et non pleurer la mort. Lassé·e·s des défaites, il est temps d’inventer nos victoires. Afin que tout soit près à temps, chacun·e·s s’est affairé·e·s pour finir son costume ou préparer des éléments clé.

Et finalement, le samedi 29 février 2020, nous avons eu la joie d’aller danser devant les bureaux de l’ANDRA (l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) afin d’y fêter l’abandon du projet CIGEO, visant à enfouir des déchets nucléaires à Bure.

Nous avons; devant des policiers penauds, cadenassé les portes de l’ANDRA avec de grosses chaines, laissant pour quelques temps ces éboueurs·euses du nucléaire prisonnier·e·s de l’univers qu’ielles se sont construit·e·s. Nous avons incendié des hommes-marionnettes et avec eux les symboles qu’ils véhiculent, les flammes se reflétaient dans nos yeux, chargés d’un nouvel espoir…

Ce que nous avions mis en place durant la semaine entière et particulièrement sur les derniers jours a nourri l’évènement final : une confiance au sein de notre groupe, une forme de frénésie nous rendant puissant·e·s dans les moments de tension, une écoute qui nous as permis d’arrêter au moment voulu notre action et de rentrer toustes ensemble ne laissant aucun·e·s de nous derrière, à la merci dès autorités. Nous avons longuement débattues au préalable des envies et besoins de chacun·e·s individuellement pour que l’ensemble soit cohérent. Ces instants parfois complexes, se sont révélés nécessaires et indispensables.

En sortant de ces instants hors temps, nous étions nombreux·ses à avoir les mots « bouleversement » et « sororité » à la bouche. Bien-sûr, certaines AG se sont faites longues et la fatigue a pu créer divers instants moins bien huilés qu’à l’habitude mais l’évènement prévu a fini par avoir lieu dans les chants, danses et symboles nécessaires. Nous nous sommes accordé·e·s sous cette pluie aux allures de tempête, qui lacérait nos mains et nos banderoles mais jamais nos idées ni notre volonté. Nous avons fait une grosse farce, un carnaval digne et nécessaire. Nous sommes devenu·e·s acteurs·rices de ce changement que nous souhaitions voir advenir et soeurfrères sous le vent.

Cette semaine-là, je suis devenue une bombe atomique mais aussi une louve…

Des ateliers organisés par celleux qui le souhaitaient nous ont permis de nous découvrir plus en profondeur et d’éveiller notre créativité ainsi que notre force et c’est au sein de l’un d’eux qu’est née cette louve en moi.

Je vous invite à la découvrir…

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« Ma louve fait peur, elle fait peur parce qu’elle ose. Elle a la force de ses crocs et son pelage chaud pour étreindre.

Râle, balbutiement, emphase et objection.

Elle se laisse guider par ses sens au rythme de ses combats. Ma louve a les yeux gris de colère et d’espoir. Une larme se balade au coin de son museau que parfois elle balaie d’un coup de langue entre deux cris. Bien vite une autre la remplace, une trainée salée a fini par apposer son empreinte sous ses orbites. Ses yeux sont un miroir du monde s’inscrivant dans son ventre. Elle a l’estomac acide et les pattes tremblantes quand elle se perd.

Ma louve aime la lune, les arbres, courir nue sous sa peau, chevaucher son corps, faire l’amour, danser et respirer fort. Ma louve a peur du noir complet, de cette mort passagère. Mais l’obscurité est son chandelier.

Elle racole, raconte, maugrée, ralentit, s’enthousiasme, elle ne sait pas s’ennuyer.
Elle a peur de l’autre, de son regard prison quand l’autre la transperce de doutes.

Autre, autrement, enterrement…

Elle aime dire qu’elle s’assume mais ma louve ne sait pas à quoi elle ressemble. Elle ne sait pas s’embrasser, trop souvent, elle s’embrase. Ma louve a l’intensité en guise de navire et l’océan à découper, découvrir par chaque morceau.

Ce qui est grand l’angoisse.

Quand elle est en colère, elle s’efface dans son nuage pour laisser l’eau en déborder. Ma louve se veut forte et puissante, elle l’est; peut-elle l’être ? Elle croit pouvoir le devenir, mais elle ne l’est pas tout à fait, pas comme elle aimerait l’être.
Ma louve est sensible et comprend les peines qui l’entourent, les avalent, les empoignent, les partagent sans savoir s’en séparer.

Moi, louve… »
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Je ne sais pas quand sera le prochain rassemblement, mais à toutes celleux (hors hommes cisgenres) qui se reconnaissent dans la lutte anti-nucléaire de près ou de loin, n’hésitez pas à devenir vous-mêmes bombes atomiques, nous façonnerons le monde pour qu’il retrouve sa fraîcheur et détruirons ce qui lui nuit avec la hargne des oublié·e·s…

Participer à cet évènement m’a permis entre autre choses de déconstruire ma manière de penser, de dire et d’écrire. Le masculin n’est par neutre, par conséquent le féminin non plus, c’est donc consciemment que j’ai décidée de rendre ce texte le plus juste possible. Si certaines choses vous ont semblé dures à l’oreille, il faudra s’y habituer, les temps changent… Dans un pays où la devise prône la fraternité et où le masculin l’emporte, excluant ainsi toute une partie de sa population, la neutralité n’existe pas, alors à nous de l’inventer…

Aliothéose

P.S: Nous apprenons, au moment même où nous enregistrons ce texte — c’est en dire en pleine crise sanitaire de Covid-19 — l’évacuation de la ZAD de la Dune. C’est à grand renfort de brutalité policière et citoyenne que les cabanes y ont été incendiées; les véhicules, servant pourtant d’habitat à certain.e.s emmenés en fourrière; les zadistes embarqué.e.s puis relâché.e.s en pleine nuit, bien plus loin, dans des villes inconnues, sans attestation ni respect. A la merci de nouvelles patrouilles, alors que règne la règle du confinement. 

Une telle manœuvre autoritaire montre bien l’ambition de l’état quand à la destruction de toute forme d’altérité. Leur niveau d’engagement est ici affirmé; plus aucune règle ni limite ne semble valoir. Ainsi soit-il. 

Nous affirmons notre total soutien à la ZAD de la Dune et celleux qui y luttent; et appelons conjointement à l’occuper à nouveau, dès que possible et pour le temps qu’il faudra. 

Ces politiques incendiaires ne font que nous donner du combustible. 
Plus que jamais, nous lutterons, dans l’entre-aide et la joie, jusqu’à voir ce règne de la brutalité s’effondrer.

P.P.S (14 avril): Nous apprenons ici la création d’un décret risquant de « renforcer le ciblage des activistes antinucléaires ». A découvrir ici:
=> https://reporterre.net/Un-decret-risque-de-renforcer-le-fichage-des-antinucleaires?fbclid=IwAR1e4TnDBb_FatgXYvyIr_1J_o9vY1hwQE2o_N_A-QC318AWKNdMUjo49fY

Retrouvez les Bombes Atomiques ici:
=> https://bombesatomiques.noblogs.org

Plus d’informations sur le combat mené à Bure à cette adresse:
=> https://bureburebure.info/