Les Voies Sauvages – Partie II: Le Temps des Meutes

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L’horizon d’Anarchie et l’Insurrectionnalisme 
comme réponse aux désastre et sa norme.

 

I
Contres-vents et nouvelles marées
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On a compris, en marchant dans les ruines étincelantes de l’état et du capital qu’il n’est plus question de les réformer, car — nous qui sommes du parti des Vivants — ne voulons pas reformuler la question de la domination dans d’autres termes mais la rayer, la barrer, la supprimer pour de bon. Parce que celles et ceux qui exploitent ont faim et soif et qu’iels ne sont pas près de s’arrêter; qu’aucune mesure ne viendra les enrayer, et que c’est nous qu’on veut croquer. On a compris qu’aucune marche pacifiste ne les empêchera d’avancer et qu’iels vont vite, car iels sont bien chaussé·e·s. Compris qu’il n’y aura pas d’écologie-sociale tant qu’il y aura libéralisme et capital; compris que le système patriarcal sera toujours en opposition aux féminismes et à un futur décolonial. Compris qu’aucun oasis d’autonomie, avec ses champs, ses arbres, ses cabanes et ses bonnes âmes ne changeraient rien s’il reste seul, et qu’il ne tiendra pas sous les coups des mécaniques, qui, de toutes façons, assèchent plus loin le sang du monde. On a compris qu’aucun appel à la raison ne nous donnerai raison, parce qu’il n’y a plus de raison ni d’entente, mais seulement des œillères, des intérêts et des matraques. Compris que le mépris est une valeur bourgeoise, que le déni de démocratie est devenu une norme.

On a compris que la « gauche » et les grandes ONG ne seront pas de la révolution mais une partie du système, donc aussi une partie du problème. Dans la bataille, elles ont leurs places à garder et bénéfices à gagner. Compris qu’il n’était plus temps de convaincre, et que si la bourgeoisie et la politique ne cessent pas d’abolir ce qui nous tient en vie — de la santé des écosystèmes jusqu’à la dignité humaine — il est alors temps d’abolir la bourgeoisie et la politique. Abolir la politique en temps qu’institution séparée de la vie ordinaire pour en faire, à nouveau, notre paysage quotidien, l’outil administré par nous mêmes et pour nous mêmes. Abolir la bourgeoisie en temps que classe exploitante et dirigeante, afin d’abolir la société de classe elle-même, car nous pensons l’égalité condition indispensable à la liberté, pour toutes et tous.

Disons nous le en clair: si les ultra-riches n’ont aucun intérêt à ce que s’arrêtent leur commerce de la mort, nous devrons les renverser, les ruiner, avant que tout ne devienne, finalement — ruine. S’ils nous poussent vers le ravin et n’ont aucun intérêt à changer la trajectoire, nous sommes en mesure d’actionner le frein d’urgence; ou de dynamiter les rails. C’est une affaire de bon sens; de logique; de morale. Nous n’avons pas d’autre alternative que celle du soulèvement. Il n’est plus temps de perdre notre temps sur les symptômes mais d’attaquer la maladie. Il ne s’agit donc plus de réformer l’état ou le capital — l’un ayant depuis longtemps prouvé sa soumission à l’autre — mais de les détruire pour de bon; tant qu’il est encore temps; tant que tout n’est pas détruit.

«Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.»

Déclaration des Droits de L’homme et du Citoyen
Article 35


A l’heure de la techno-police; où le ciel, en même temps qu’il se vide d’oiseaux s’emplit d’escouades de drones et que la cybernétique tisse les liens de nos camisoles, il semble nécessaire d’adapter nos méthodes. Les victoires qui viennent seront alors celles des esprits inventifs et des forces finement articulées.

Après plus d’un an dans les rues, à les repeindre en jaune et noir, des manifs sauvages aux occupations d’espaces, nous constatons que l’appareil répressif est une mécanique sans cesse ajustée, chaque fois plus performante. Pire, il semble que nous lui offrons, à chaque sortie, la chance de parfaire sa chorégraphie répressive. Chaque attroupement est l’occasion d’une sur-enchère autoritaire. Le gouvernement fera les chèques qu’il faudra pour l’équipement policier, tant qu’ils permettront de mater la plèbe toujours insurgée. Nous en sommes à ce point de rupture: le gouvernement ne tient plus que par sa police. Si les gilets jaunes ont permis de redéfinir un peu les standards de la manifestation, il est désormais temps de redéfinir les standards de la résistance — ou de revenir aux bonnes vieilles méthodes.
Pour l’heure, nous ne gagnerons pas les luttes symétriques, le face à face, corps à corps. Nous sommes désormais trop attendus et encore trop peu efficaces. Le pièges sont posés, les mâchoires d’aciers prêtes à se refermer sur nos pâtes quand nous franchirons la ligne. Finir en cage n’est pas une perspective. Alors il nous faut décaler le combat, désaxer les attaques. Trouver d’autres angles; d’autres fenêtres de tir et nourrir la rafale. Saisir l’initiative et prendre l’avantage. A force d’inventivité, rendons les luttes androgynes et polymorphes; donc inarrêtables !
Fini les émeutes régulières; l’heure est à la surprise. 
Si nous devons ainsi muter, la stratégie de l’Action Directe semble pertinente pour rebattre les cartes. Elle ne se pose plus en réaction — comme le font les manifs —, mais prends l’initiative, offrant ainsi un bel avantage par l’avance qu’elle permet. Elle invite à faire de l’ombre un manteau et de la surprise une alliée. Soyons imprévisibles autant qu’ingouvernables !

« La force qui affronte l’ennemi c’est la force normale; celle qui prends de flanc c’est la force extraordinaire. (…) Les ressources de ceux qui sont experts dans l’utilisation des forces extraordinaires sont aussi illimitées que les cieux et la terre; aussi inépuisables que les flots des grands fleuves. Elles s’achèvent puis se reforment, cycliques comme le sont les mouvements du ciel et de la lune. Elles expirent puis renaissent à la vie, se répètent comme les saisons qui passent.
Au combat, seules existent la force normale et la force extraordinaire, mais leurs combinaisons sont illimitées. »



Sun Tzu – L’Art de la Guerre


Que surgissent les forces extraordinaires ! 
Nous sommes si vivants ! A nous de dé-cadenasser nos puissances; de les libérer et de les associer aux forces normales et quotidiennes; pour qu’advienne finalement le soulèvement sur lequel nous conspirons. Celui qui emportera tout; qui propulsera nos exigences dans le marbre du réel.

« Savoir dresser une barricade ne signifie pas grand chose si en même temps on ne sait pas vivre derrière elle. » disait Marcello Tori. Alors oui, les forces ordinaires sont aussi celles qui font la vie possible. Ce sont ces indispensables qu’il faut multiplier: des fermes, des cuisines collectives, des centres sociaux auto-gérés, des Brigades de Solidarité Populaire, des squats et des maisons du peuple. C’est toute l’inventivité et l’entre-aide qui naissent de l’insoumission et de la nécessité. C’est tout ce dont nous avons besoin et à quoi nous répondons en le faisant nous-mêmes. C’est ce que nous faisons avant de l’avoir. Ce sont tout ces terrains quotidiens que nous libérons de l’emprise capitaliste pour les refaire communs. C’est tout ce dont nous nous abreuvons à la mamelle de la Révolution. 
Fédérons ces ordinaires à l’extraordinaire !

Ce n’est que par la densification et la coordination des tactiques que nous pourrons créer un bras de force assez puissant pour qu’aboutissent nos contres-pouvoirs; pour destituer les gouvernants tout en érigeant nos structures; pour exproprier la classe capitaliste et municipaliser les outils; pour renverser le pouvoir et mettre enfin un terme au drame; pour festoyer dans les flammes. Tout cela ne pourra se faire que par la constitution et l’organisation de groupes autonomes, clandestins et déterminés; et leur coordination avec des mouvements larges, populaires, prolétariens et chamailleurs.

On a fini par comprendre que le régime des lois et du pouvoir est forcément un régime bourgeois et que nous ne pourrons les vaincre et nous affranchir qu’en nous faisant hors-la-lois. 
On a compris que c’est eux les bandits; quoi qu’on en dise.

« C’est grâce aux actions, pacifiques ou violentes, des précurseurs du changement social que la conscience humaine, la conscience des masses, s’éveille au besoin du changement. »

Voltairine De Cleyre

 
II
L’Horizon d’Anarchie

C’est avec le désastre qui est entre nous qu’on co-construit chaque jour notre Anarchie. On fait avec ce qu’on nous a offert et ce qu’on nous a pris. C’est dans l’affrontement et l’effondrement que nous avons consolidé nos convictions et forgé nos pratiques.

Nous avançons une vision territoriale des luttes. De la métropole comme quintessence de l’économie-monde à nos territoires intimes et affectifs, tout se distingue entre zones occupées et zones libres. Dans l’algorithme productiviste, chaque parcelle est une proie, chaque bout de corps du monde est un espace à soumettre, à courber pour qu’il transpire le rendement. L’instant lui-même — n’ayant pourtant aucune autre frontière que l’instant suivant — est un espace à libérer des emprises, pour qu’ainsi il retrouve toute sa largeur, son originalité et sa fécondité première. 
Dépolluons nos espaces-temps. 
Nous appelons ainsi à déserter le désastre pour s’engouffrer dans ses brèches; à cultiver dans ses anfractuosités des poches sauvages de résistance. Nos meutes doivent s’élargir et gagner du terrain, pour le rendre commun à nouveau.

Face au totalitarisme numérique qui ligote de plus en plus nos pratiques dans la fibre optique — des milliers de caméras, à la surveillance généralisée des réseaux —; il semble, une fois de plus, que le sauvage est notre dernier recours. Si les métropoles sont l’aboutissement architectural de la société de contrôle, alors, encore une fois, les forêts, lacs et montagnes sont nos ultimes refuges et seules perspectives d’avenir. Sous les aiguilles de pin ou sur le fil des crêtes, sur une vieille barque en bois ou dans le creux d’un ruisseau: nous pourrons être enfin nous mêmes, donc parler et agir librement, qu’en étant parmi les éléments — ou bien, en soulevant la ville.



Nos émeutes sont la preuve d’un échec, de la faillite globale d’un système construit sur l’exploitation, l’inégalité et le mépris, justifiant alors chacune des pierres que nous lui lançons. 
Ces pavés de réel dans les vitrines du spectacle. Car, comme la ville, tout tend sourdement à la démesure, nous sommes le seuil de rupture pour le retour à l’équilibre. La métropole est la perfection du désastre, son organisation à flux tendus et capital variable. 
Nous sommes la jeune tige qui peu à peu fracture le bitume pour que repousse la forêt. Nous répondons à l’appel du Sauvage; en nombre de bêtes indomptables; d’humanimals, humains et humaines croisé.e.s à toutes les forces Vivantes qui jamais plus ne seront domestiqué.e.s. Nous sommes le Vivant qui se défend. Nous sommes la vieille Monade, l’unité première, l’élément minimal, le principe des êtres qui les fait respirer, se débattre pour exister et toujours renaître.

« La volupté de destruction est en même temps une volupté créatrice. »

Bakounine


Nous n’avons plus le temps d’attendre, on a plus le temps d’avant. Tout étant devenu tellement extrême, nous avons à radicaliser chaque aspect de la contestation; pour qu’elle se réalise. C’est maintenant que nous devons créer les conditions de notre utopie, nos zones d’autonomie, nos enclaves pirates et archipels insoumises.
Notre soulèvement — et ses territoires.

Alors nous allons faire de l’anarchisme un art de vivre, de l’illégalité une méthode et de l’insurrection une devise. Il n’est plus temps de se battre, mais de gagner. Nombre de désastres nous rappellent chaque jour que l’heure tourne et il nous faut des victoires; ne serais-ce que pour se donner du baume au coeur, du courage pour continuer et en gagner d’autres. Nous avons trop été mis au pied du mur; construisons nous des béliers et récupérons les pavés.

Les gouvernements sont ceux de la honte alors nous allons nous rendre Autonomes, jusqu’à être ingouvernables. Autonomes aussi, car face aux crises qui arrivent, le tissage de l’autonomie sur tous les territoires est plus que nécessaire, tant pour continuer à vivre que pour nous lier face aux mortifères; contre les raisons de la colère. Autonomes jusqu’à récupérer notre entièreté. 
Organisons nous; pour refuser l’humiliation, pour en finir avec la servitude et l’obéissance. Pour la dignité. Pour oser ne pas vivre à genoux. Pour le frisson, pour l’adrénaline d’une vie pleine qui ne s’obtient qu’en l’arrachant, car ici tout est fait pour l’aliénation, mais aucune de vos marchandises ne rend libre. Aucune de vos lois n’est la notre. Aucun de vos états ne nous va. Aucun de vos spectacles ne nous plait.

« À la question « Pourquoi suis-je anarchiste ? » je pourrais répondre par une simple phrase : 
Parce que je ne peux pas faire autrement et que je ne peux me mentir à moi-même. »

Voltairine De Cleyre 


Alors nous ne pourrons nous épanouir qu’en terre d’Anarchie. Là où les libertés se complètent, où les forces s’assemblent. Là où les gouvernements s’arrêtent et où la puissance commence. 
Nous ne mettrons plus aucun genou à terre mais avancerons dans les contres-vents, les coudes serrés aux camarades et le drapeau noir sur l’épaule. Ce vieux drapeau usé, il faut croire que nous ne le planterons jamais pour de bon. Nous sommes comme un peu condamnés à l’errance, car cette terre sans frontière que nous visons est un objectif sans fin. A mesure que nous grandissons nous cherchons ce lointain pays de notre enfance. Cette arcadie recule à mesure que nous avançons, car il n’y aura pas d’espace pour toujours libéré, pas d’arrivée définitive. Pas de province-idéale, mais toujours des insoumissions et des coups de sabre; au nom du mutin qui se libère et de la beauté du geste.
Qu’importe la distance nous ferons le voyage, libres de choisir nos chemins.

Nous sommes partis pour une conquête permanente qui ne mène à aucun autre pays que celui de tous les jours, cet instant où nous nous tenons debout et que nous voulons libre de toute oppression. Vaste et ouvert de possibles. Offert à toute son intensité poétique et spontanée. Nous ne nous promettons donc rien d’autre que le combat quotidien et la joie sans limite. N’y a t-il pas là de quoi s’amuser ? On trouvera bien de tout sur cette Terre, mais sûrement pas d’anarchiste laissé·e à l’ennui !

Il y a tout à faire: des espaces à reprendre, à libérer des mains-mises et privatisations; des insurrections à conspirer; des corps et esprits à sortir du salariat, pour que vienne le travail libre; des savoirs à transmettre; des Zones d’Autonomie Définitives à connecter aux Zones A Défendre, fédérons nous; des nouveaux mots à souffler aux oreilles des marmots; des horizons à rêver; des mutineries à renouveler pour que battent encore nos coeurs de matelots…

Elle — l’Anarchie — est un cap qui façonne nos yeux et fortifie nos esprits. Elle est un horizon qui nous fera toujours nous lever, pour la beauté du soleil et contre toute domination; pour la douceur de la nuit et tout ce qui s’en suit, l’amour, la liberté, l’égalité et la justice.

Nous croyons ainsi en l’Anarchisme en action, de l’autonomie des luttes comme but et moyen de les mener, de l’usage de la force, cailloux et barricades comme outils politiques efficaces, de la capacité du peuple à résister et s’auto-organsier, ainsi que de la nécessité de le faire. De l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes au méga-centre commercial d’Europacity en passant par la centrale nucléaire de Plogoff, l’exemple est là: ces projets sont enterrés et donc, certaines méthodes victorieuses.

Alors que des ZAD fleurissent partout, que le poésie nous envahisse et que l’Anarchie se multiplie !

Nous sommes les enfants des sorcières que vous n’avez pas pu tuer,
Nous sommes les enfants des pirates que vous n’avez pas pu capturer.
Nous sommes black bloc et utopistes,
Nous sommes révolutionnaires et zadistes,
Nous sommes la rue et le bar-tabac,
Nous sommes au bout du champ et sur les pavés froids.

Nous sommes toutes celles et ceux qui triment et tiennent le monde Vivant, devenus, par la force des choses et le rabot du système: partisanes et partisans !

 

III
Que chaque jour soit un printemps

On a des vies multicolores sous notre drapeau noir. Nos existences sont bien plus folles que ce que promettait l’enfance, l’école et l’emploi. Nous voulons tout. On a de grands sourires sous nos cagoules, de belles lumières sous nos capuches sombres. On est enfants de la catastrophe. Nous cohabitons avec l’effondrement. On est le produit de notre environnement. Tout chute autour de nous mais cela permet enfin, pour qui peut voir, de bien distinguer les formes, les limites et les ficelles. On est projetés dans la nouvelle guerre, qui est le prolongement de la vieille guerre sociale à l’orée des algorithmes et du Big-Data et le début de chute des éco-systèmes sous l’effet de leur viol intensif par les industries-états. C’est caviar contre kebab et pelleteuses contre cabanes. Cette nouvelle guerre est étrange et d’autres ne le comprennent parfois pas. Pas grave, nous on la fait. Et on essaye de l’expliquer, de raconter un peu notre histoire mais quand le désastre est trop grand il n’y a plus de mots. Des fois, on ne sait même plus quoi dire tellement c’est la merde. Nous pourrions alors, comme une irruption spontanée venir tout brûler sans rien demander. Saccager sans rien revendiquer, juste le dégout d’un monde que nous voulons détruire pour que demain en fleurisse un nouveau. Des cendres pour fertiliser. Quand il n’y a plus rien à dire mais tout à faire. Quand la vie qui a été tant soumise qu’elle doit aller au combat pour reprendre ses droits. Nous en passerons peut-être par là, puisqu’on est pour l’effet de surprise, pourquoi pas. On verra. En tous cas on vivra pas deux fois, alors on fait la guerre à celles et ceux qui nous condamnent, nous et tout le Vivant qui vit et qui suit. Qui sue et qui vibre. Y a pas une méthode, y en a mille, et si tu sais pas quoi faire, y a forcément quelque chose pour toi. On fait la guerre et c’est comme ça. On la fait et si tu veux pas la faire, c’est ton choix mais c’est un choix. Rien n’est neutre. Impartial ça existe plus. Impartial ça existe pas.

« Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite »

Bertolt Bretch


On a la braise au cœur et le cœur au vent, c’est-à-dire que le monde souffle et qu’on est l’incendie. C’est-à-dire que le monde souffre et qu’on veux le réparer, peu importe qu’on soit vingt, cent, mille. On s’éparpille et puis on crie « ZAD Partout ! » et « vive l’Amour !»

On affronte la police et on prends la rue. On prends des rhumes. On casse ce qui a à casser et on reconstruit ailleurs. On est le sabot dans la machine; le cailloux dans la chaussure. Dans saboter il y a « beauté ». On occupe des zones et on habite vraiment; c’est pas de l’entassement. On fraude. On choure et on récupère. On troque, on donne. A bas l’argent ! On fabrique et on bricole. On bidouille et on a notre culture de résistance. On cultive nos liens et les légumes. On sait plein de trucs et on en invente d’autres, des langages, des manières et des histoires. On forme des bandes ouvertes, on fait la fête, y aura toujours une place pour toi. On se fou des lois. A bas l’état ! On est partisanes et partisans. On est dans les villes et dans les champs. On crée nos systèmes, nos structures et nos anarchitectures. On est parallèles et pas pareils. On est sauvages plutôt que robots. On est radicaux, et on belles et on est beaux. On anonymise nos pas. On fait de grands gestes puis on efface nos traces. On les invite ou on rejoint les autres. On vis partout. On mourra quelque-part. A cause des flics ou du temps qui passe. Et tant pis pour la poisse. On vomi une partie du monde et on dévore l’autre. On a des camarades partout sur Terre, et p’tet ailleurs. On est peu mais si tu viens on sera plus.

On dit qu’on est bandits et hors-la-loi,
Mais on est sûrs qu’on est dans notre bon droit.
On est une meute et on s’émeute.
On est Vivants.
Et on se défends.

Vous l’avez compris, 
L’horizon d’Anarchie et les pratiques insurrectionnelles sont pour nous une réponse au désastre et sa norme. Passé l’indignation; il est temps de faire choix, acte et présence.

2019 fût, mondialement, l’année des émeutes,
2020 sera, peut-être, celle des nouvelles meutes…

Nous, louves et loups, courrons déjà dans l’ombre des bois. Nous frôlerons souvent la lisière et transperceront les villes quand il le faudra. Rejoignez nous. Contre le cloisonnement du monde et l’enfermement du Vivant, nos émois et meutes sont extensibles.

« Un jour, un jour viendra, où les hommes et les femmes se lèveront, où ils marcheront vers les plus hauts sommets et se rencontreront grands, forts et libres, prêts à recevoir, à partager, et à se baigner dans le soleil de l’amour. »

Emma Goldman

Chatterton


Quelques liens pour voir plus loin:

Appel à s’organiser et fédérer Zones A Défendre et Zones d’Autonomie Définitives:
=> https://laissebeton.org/confine-e-s-pour-renverser-le-capitalisme-prenons-le-temps-de-nous-organiser-et-de-nous-federer/849/?fbclid=IwAR0qTtuOSfSdfbCThxFdJoiyYHMnSsa-NCslNcHIHhqsFov1oVIbYk4LAzI

Outils et connaissance face à la surveillance de masse:
=> https://privacytools.dreads-unlock.fr/