AUTRES (B)REVES

Haïkus en vrac / illustrations et photos prises l’instant d’un rien / fragments d'(i)réel comme on peut.

(Dont plusieurs extraits de « Cette camisole est confortable mais le nez me gratte.« )

Car ils n’ont même plus confiance en la lumière du jour,
Ils allument les réverbères l’après-midi.

Les sceptiques en costume.

Les policiers dans les rues se saluent;
Petite association de malfaiteurs.

Marcher pour trouver quelque chose
Rentrer bredouille
Comprendre que la seule chose à trouver était la quête de la chose à trouver
Puis enlever ce poème de sous ma semelle.

Qu’ils disent, mais qui écoute ?

Pour l’homme pressé
Un café à emporter
Là-bas dans l’ouragan.

De l’intérieur, ils ont construit brique par brique leur prison puis ont perdu la clef.

File d’avion ininterrompue dans le ciel.
Qu’ont ils trouvé là-bas ?

Nous avons rêvé des campagnes
Pour répliquer à la ville
Et maintenant
C’est la ville
Qui s’invite à la campagne
Merde
Alors que pouvons nous faire
Sinon
Armer nos boutures
Faire fleurir nos colères
Et cultiver
Nos liens
?

La mousse finira bien par recouvrir les routes.

Ils ont tellement tout voulu
Tout pris
Qu’il ne reste
Plus grand chose
Mais ce petit
Bout de rien
Suffira.

Depuis que grand-mère est tombée dans l’écran
D’un téléphone
Nous communiquons
Bizarrement
Un peu moins.

Où que nous allions
Nous aurons toujours
Parait-il
Des poubelles à descendre
Un orage à découdre
Un trou à creuser
Toujours
Un combat à mener
Et quand même
Quelque-chose de beau
A vivre ou regarder
Quelque-chose de beau
Qui vaudra la peine
D’être venu
Jusqu’ici
De mener encore
Le combat.

Depuis que nous avons
Connecté
Les humains au pouvoir
Le pouvoir à l’argent
L’argent au profit
Le profit au bonheur
Et puis Londres à Tokyo
Et Paris à New-York
Depuis que nous avons
Rompus
Avec la sagesse des paysans
Et les simples
Joies d’enfant
La vie semble
Bien complexe.

Que me reste-il ?
Assez d’imagination pour oser
Abolir l’argent, défenestrer les rois
Éteindre les lumières et embrasser l’ombre
D’un doute
Me voir voler sur le dos d’un pigeon pour annoncer
Partout
« les frontières ont disparues ! »
Trouver dans une horloge
Un rat
Capable d’arrêter
Les secondes
Ouvrir les tombeaux
Demander
Conseil aux morts
Trouver au fond de l’encre déposée sur la feuille
Quelques secrets
Et assez de courage
Pour continuer

Il me reste
Un peu de tout ça

Il faudra bien
Se débrouiller
Avec.

La page bu l’encre avant que vous ne buviez ces mots,
L’ivrogne !

Qu’en conclure ?
Que les livres sont nos plus grands Oracles
Qu’ils portent en eux l’avance
D’une conscience
Collective
Les germes, entre quelques pages
D’une humanité
En partage.

Se coudre des voiles dans la tempête
Juste pour
Oser en profiter
Qu’elle nous porte plus loin

D’autres se cramponnent
A la poussière
Dans le vent

A chacun
Sa méthode.

La métropole a besoin de portes
Pour laisser la campagne au dehors
Les paysans
Sur le paillasson.

Tendre la corde
Courber l’arc
Apprécier le vol de la flèche
Qui lors de sa chute épinglera la pomme
A un noyau d’atome
Ridiculisant ainsi
Newton

Tricoter des poèmes
Ou s’écrire des écharpes
Juste comme ça
Juste pour
Se protéger du froid.

De bonne heure il faudra
Aller marcher dans l’hiver
Savoir apprécier
Chaque pas.

Quatre rats écrasés sur le bord de route
Ont-ils fait ça pour avoir
Leur sépulcre
Au fond du poème ?

Je creuse
Enfilant la capuche
De l’auteur-fossoyeur

Comme quoi on ne sait jamais
Ce que les Autres feront de nous
Après

Trouvez moi un beau livre
Avec une couverture
Assez simple.

Dieu rigole-il des églises érigées pour lui
Et pleure-il
Les massacres
En son nom ?

Que fait-il
Si ce n’est
Respirer
En nous tous
Et puis dire
« Arrêtez
vos conneries » ?

Tous n’ont pas
Entendu.

Nous avons la beauté d’une civilisation
Qui organise
Consciencieusement
Sa chute.

Qui saura lécher les cendres
Avec la grâce de la braise
Qui joliment
Au matin
S’éteint ?

Nous battons les cartes
Juste pour
Créer notre petit chaos
Puis tout
Remettre en Ordre.

Les humains se sont fabriqués
Des machines
Pour nettoyer l’air
Pour nettoyer l’eau
Et d’autres
Encore
Pour salir
L’air et l’eau

Les humains se sont fabriqués
Bien des problèmes.